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Jean  Dumousseaux

Cinéma, Art contemporain, Japon

Mon dernier Godard, l'Adieu au langage

En 55 ans, j'ai vu une bonne trentaine de films de Jean-Luc Godard.

Après les classiques À bout de souffle ,   Une femme est une femme : Le Petit Soldat ,  Les Carabiniers ,  Le Mépris ,  Bande à part ,  Pierrot le fou vinrent des films plus étranges  : Masculin, Féminin ,  Made in U.S.A., des films politiques  2 ou 3 choses que je sais d'elle,  La Chinoise (1966, prémonitoire de mai 1968),  Loin du Vietnam ,  Week-end critique forte de la société de consommation.

Après peu de souvenirs marquants, échelonnés sur trente ans : Sauve qui peut (la vie),  Prénom Carmen ,  Je vous salue, Marie,  Soigne ta droite , prix Louis-Delluc Hélas pour moi,  Éloge de l'amour,  Notre musique

En 2014, je prend plaisir à retrouver le Godard que pour l' Adieu au langage. Ce titre sonne comme un adieu de Jean-Luc Godard au cinéma, au monde. Lui qui a toujours entretenu des relations tumultueuses avec le Festival de Cannes reçoit le Prix du Jury (ex-aequo, sorte de lot de consolation, pour lui qui ne recevra une palme d'Or qu'en 2018... pour l'ensemble de son œuvre)

Une femme mariée et un homme libre se rencontrent. Ils s’aiment, se disputent, les coups pleuvent. Un chien erre entre ville et campagne. Les saisons passent. L’homme et la femme se retrouvent. Le chien se trouve entre eux. L’ancien mari fait tout exploser.  De l’espèce humaine on passe à la métaphore. Ça finira par des aboiements. Et des cris de bébé.

Adieu au langage propose un   montage-collage-mixage à la fois totalement déréglé et minutieusement composé entre mots et images, images et sons, extraits de films anciens et d’archives historiques, petits bricolages théâtraux et bombardement de citations piochées dans la grande bibliothèque du monde.

La nouveauté d’Adieu au langage, c’est la 3D. Godard explore la 3ème dimension comme un nouveau médium, comme un nouveau moyen d’expression et un nouveau terrain de jeu. D’une part des images superposées, l’une pour l’œil droit, l’autre pour l’œil gauche, de manière à ce que notre perception se trouble comme dans un fondu d’un nouveau genre, d’autre part le détournement des couleurs, des filtres et des pixels, qui s’oppose à l’utilisation hollywoodienne de la 3D, enfin des prises de vue auxquelles le relief apporte une formidable beauté. 

Au-delà d’un bilan du XXe siècle, de ses désastres, le nazisme, et de ses beautés, la littérature, le cinéma, Godard semble dire adieu au monde, ruminer sur sa propre mort à venir. “Vous êtes empli du goût de vivre. Je suis là pour vous dire non. Et pour mourir”, est une des citations marquantes du film. 
 

Mon dernier Godard, l'Adieu au langage
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