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Jean  Dumousseaux

Cinéma, Art contemporain, Japon

Dessins de condamnés

Le Japon est un pays passionnant, mais c'est un État qui reste, avec les Etats-Unis, le seul pays développé à appliquer la peine de mort.  Les prisonniers  n’ont aucune idée de la date de leur exécution et demeurent isolés dans l’attente de ce jour effroyable, qui peut aussi bien arriver le lendemain que  dix ans plus tard. En effet, le Japon est  un État de droit, et comme aux États-Unis, des recours sont possibles . Après avoir été condamné par la juridiction de premier ressort l'accusé peut faire appel et être jugé de nouveau. Ensuite il peut formuler un recours devant la Cour suprême du Japon. La Cour suprême peut ordonner que l'affaire soit rejugée devant une autre cour d'appel. Le ministre peut ordonner l'exécution après la confirmation de la condamnation par la Cour suprême. Après la confirmation par la Cour suprême il est toujours possible d'obtenir la grâce ou la révision du procès. De plus , au titre de l’article 475 du Code de procédure pénale, aucune exécution ne peut avoir lieu au Japon tant que tous les co-accusés n’ont pas fait l’objet d’une décision de justice définitive. 

Luttant contre la peine de mort au Japon, la Fondation Sachiko Daidoji & Akahori Masao propose, depuis 2005, à ces condamnés d’exprimer leur désespoir ou de rêver ne serait-ce qu’un petit peu, en écrivant des poèmes et en dessinant. C’est la première fois que leurs œuvres sortent du Japon, à l'occasion de la l’exposition “HEY ! Le dessin” à la Halle Saint-Pierre à Paris (jusqu'en décembre 2022)

Des dessins significatifs puisque la plupart d’entre eux présentent des femmes nues ou des messages forts à l’instar de Masashi Hara, détenu dans la prison de Fukuoka, qui écrit entre les lignes de ses dessins : “Je suis contre la peine de mort, la guerre et le nucléaire”, “N’oublie pas Hiroshima”, “Vive la dictature prolétarienne !” Dans une autre œuvre, il inscrit aussi “Monsieur X exécuté le Y/Y/Y” .

Mais ces œuvres ont aussi une valeur pour la postérité ; elles serviront de mémoire le jour où la peine de mort sera abolie. Comme l’a expliqué Masakuni Ota, militant contre la peine de mort et activiste au sein de la Fondation Sachiko Daidoji & Akahori Masao, ces dessins seront le témoignage “de cette période horrible durant laquelle la peine de mort était encore autorisée”.
 

Dessins de condamnés
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